Avoir une voix

sans entracte

Résumé

On peut ne pas avoir de voix : l’aphonie peut être occasionnelle, passagère, ou chronique, si elle est provoquée par quelque maladie du larynx empêchant les vibrations des cordes vocales, une paralysie due à l’atteinte du nerf récurrent, un gonflement des ganglions lymphatiques bronchiques, un carcinome de l’œsophage, des tumeurs du médiastin en général – ou des causes neurologiques, psychiatriques, psychologiques. Mais lorsqu’ « on a une voix », on ne sait pas d’emblée si on a juste une voix – et pas deux, pour voter démocratiquement – si on a voix au chapitre, si l’on est une voix, un représentant éminent pouvant parler au nom de tous, et de la morale, ou bien si on a la voix de Tina Turner, la Callas ou Pavarotti. Ce qui semble plus évident, c’est que « nul n’a ma voix » – mais là encore l’ambiguïté demeure : nul n’a la voix que j’ai, avec son timbre unique (marque absolue de mon «identité»), ou bien nul ne peut parler à ma place? Pourquoi, par ailleurs, donne-t-on sa parole pour promettre, et sa voix pour élire – pour choisir un(e) candidat(e) qui fait des promesses ? Et lorsqu’on parle – fort, bas, sottovoce – ce qui, muet, est dans ma tête, est-ce encore une « voix » ? Quelle « langue » parle ma « voix intérieure»? Un vrai casse-tête, la voix (qui peut en outre être une « voix de tête »). La langue viendrait après la parole, mais la parole suit-elle ou précède-t-elle la voix ? A la parole va toute noblesse : mais la voix ne dit-elle pas plus que la parole  ? Parfois, on dirait que vis-à-vis de la parole, la voix joue à en être une sorte d’inconscient : l’une exprime, explique, informe, exhorte, ordonne, supplie, fait taire, accuse, excuse, tandis que l’autre, malicieuse, peut la faire tourner en bourrique, la rend plus sincère ou plus menteuse, la sacralise ou la ridiculise – par un simple bégaiement, une débit trop rapide ou trop lent, un trémolo, une fausse intonation, un bafouillage, une articulation ratée, un enrouement bien ou mal venu, un petit chat dans la gorge.

Distribution

Intervenants :
Présenté par Robert Maggiori
avec Pr Florence Askenazy, psychiatre et professeure de psychiatrie, Peter Szendy, philosophe

de 19h à 21h

ENTRÉE LIBRE EN FONCTION DES PLACES DISPONIBLES

réservations : www.philomonaco.com