Philo
La Colère
Résumé
Pour cette saison 2022-2023, le Théâtre Princesse Grace
devient “Maison de la Philosophie” en accueillant dans ses
murs les penseurs, auteurs, artistes et chercheurs conviés
par les Rencontres Philosophiques de Monaco.
En colère
Un simple éternuement, on le sait, efface tous les états d’âme, et
l’espace d’un instant, ne fait plus rien exister. Dans une autre
dimension, il en va de même pour la crise de colère. A elle seule, elle
soumet toutes les autres émotions, et emporte tout, le cœur, la volonté,
la raison. De plus, on ne peut ni la prévenir – bien qu’on pressente
indistinctement qu’elle «monte» – ni tout à fait la retenir, bien qu’à
un moment on sente que «ça se calme». Il est même difficile de seulement
en «parler», puisque, avant qu’elle n’éclate, on n’en imagine même pas
la violence, lorsqu’elle explose, elle broie toute parole sous ses
vociférations, et lorsqu’elle s’apaise et se dissipe, elle fait aisément
croire qu’elle n’a pu soudre de moi, mais d’un sujet «hors de lui».
Improductive, inconvenante, s’épuisant dans sa propre fureur, la colère a
donc souvent été mise au ban. Pourtant, si elle naît de ce que les
choses ne vont pas au train que l’on souhaite, que la matière que l’on
travaille résiste, que ce que l’on veut dénouer ne se dénoue pas, et,
dans les cas plus graves, qu’autrui (un pouvoir, une institution…) ne se
comporte pas comme on le voudrait, ou, pire, nous offense, nous fait du
tort, nous agresse, limite indûment nos droits ou notre «puissance
d’exister», nous humilie, considère que notre vie, précaire, sans
dignité, doit se tenir coite, ne peut-elle pas apparaître comme une
saine révolte, une nécessaire restauration de l’image de soi, lacérée,
salie? Ne mérite-t-elle pas, dès lors, quelque éloge, elle qui éloigne
de l’indifférence, de l’apathie, de la résignation, et n’accepte pas
qu’on laisse le mal en l’état? Si, pour l’individu, elle est une «une ressource de vitalité», quelles
vertus, ou quels défauts, la colère peut-elle avoir lorsque, puissant
fleuve fait des mille affluents des rages individuelles, elle devient
sociale, force sociale et politique?
Un simple éternuement, on le sait, efface tous les états d’âme, et
l’espace d’un instant, ne fait plus rien exister. Dans une autre
dimension, il en va de même pour la crise de colère. A elle seule, elle
soumet toutes les autres émotions, et emporte tout, le cœur, la volonté,
la raison. De plus, on ne peut ni la prévenir – bien qu’on pressente
indistinctement qu’elle «monte» – ni tout à fait la retenir, bien qu’à
un moment on sente que «ça se calme». Il est même difficile de seulement
en «parler», puisque, avant qu’elle n’éclate, on n’en imagine même pas
la violence, lorsqu’elle explose, elle broie toute parole sous ses
vociférations, et lorsqu’elle s’apaise et se dissipe, elle fait aisément
croire qu’elle n’a pu soudre de moi, mais d’un sujet «hors de lui».
Improductive, inconvenante, s’épuisant dans sa propre fureur, la colère a
donc souvent été mise au ban. Pourtant, si elle naît de ce que les
choses ne vont pas au train que l’on souhaite, que la matière que l’on
travaille résiste, que ce que l’on veut dénouer ne se dénoue pas, et,
dans les cas plus graves, qu’autrui (un pouvoir, une institution…) ne se
comporte pas comme on le voudrait, ou, pire, nous offense, nous fait du
tort, nous agresse, limite indûment nos droits ou notre «puissance
d’exister», nous humilie, considère que notre vie, précaire, sans
dignité, doit se tenir coite, ne peut-elle pas apparaître comme une
saine révolte, une nécessaire restauration de l’image de soi, lacérée,
salie? Ne mérite-t-elle pas, dès lors, quelque éloge, elle qui éloigne
de l’indifférence, de l’apathie, de la résignation, et n’accepte pas
qu’on laisse le mal en l’état? Si, pour l’individu, elle est une «une
ressource de vitalité», quelles vertus, ou quels défauts, la colère
peut-elle avoir lorsque, puissant fleuve fait des mille affluents des
rages individuelles, elle devient sociale, force sociale et politique?
Distribution & Technique
Gisèle Sapiro, Sociologue
Michel Erman, Philosophe
De 19h à 21h
ENTRÉE LIBRE EN FONCTION DES PLACES DISPONIBLES
www.philomonaco.com